En voici d’abord la définition officielle, selon le CODES, diplôme certifiant au métier de socio-esthéticienne. La socio-esthétique est « la pratique professionnelle de soins esthétiques auprès de populations souffrantes et fragilisées par une atteinte à leur intégrité physique (maladie, accident, vieillesse, etc.), psychique (maladies mentales, addictions, etc.) et/ou en détresse sociale ».
Portrait d’une praticienne passionnée par son métier.
Comment êtes-vous arrivée à la socio-esthétique ?
Depuis mon enfance, j’aime prendre soin des autres. Aussi, le métier d’esthéticienne m’a toujours plu. Toutefois, j’ai véritablement trouvé ma voie lorsqu’une amie de ma petite sœur est tombée malade ; elle souffrait d’anorexie. Quand elle est sortie de sa maladie, elle nous a dit qu’elle avait rencontré une socio-esthéticienne qui l’avait beaucoup aidée. J’ai donc entrepris des recherches sur ce métier.
Ensuite, après un bac sciences médico-sociales puis un B.T.S. esthétique, je me suis formée pendant un an au C.O.D.E.S. (Cours d’esthétique à option humanitaire et sociale). Puis, j’ai travaillé une année en tant qu’esthéticienne avant de répondre à un projet de l’hôpital Édouard Herriot en 2008.
Depuis, je suis présente aux services de cancérologie à la clinique protestante de Caluire-et-Cuire et à l’hôpital Édouard Herriot, ainsi qu’à la polyclinique de Rillieux-la-Pape.
Pour moi, il s’agit d’un métier passion et d’une véritable vocation.
Socio pour social dans socio-esthétique ?
Y a-t-il des professionnels hommes en socio-esthétique ?
Qu’aimez-vous dans le fait de prendre soin des autres ?
Mon métier est une véritable vocation, en somme, me lever le matin n’a jamais été un problème.
En effet, j’ai besoin du contact humain et de ressentir les douleurs du corps. Dans les instituts d’esthétique, les massages ont une durée déterminée. Dans mon métier, le corps et l’esprit expriment leurs douleurs et on se doit d’être à leur écoute, peu importe le temps que cela prend.
Quels types de soins dispensez-vous ? Sont-ils mixtes ?
Je pratique des massages du corps ou d’une partie du corps, des soins du visage, des manucures et pédicures, puis des ateliers maquillage (sourcils et cils). J’accompagne aussi les patients lors de la chute des cheveux (coupe, turban et perruque) et lors du moment joyeux de la repousse.
Ainsi, à la Clinique Protestante et à Rillieux, où j’exerce pour Europa Donna, j’accompagne des femmes atteintes du cancer du sein. A Grange Blanche, où j’exerce pour la Ligue contre le cancer, mes soins s’adressent à des patients mixtes.
D’ailleurs, un tiers de mes patients sont des hommes.
J’ai également mis en place un protocole pour anticiper et apaiser les effets secondaires des traitements. Ce dernier soin est un véritable challenge pour moi car je ne tolère pas la souffrance, aussi cela me tient à cœur de trouver des solutions pour gommer ces effets.
Quel effet secondaire peut-il être amélioré ?
J’œuvre pour mettre en place des soins préventifs. Ce n’est pas toujours aisé car cela demande d’accompagner le patient dès le début de sa prise en charge afin, notamment, de lui transmettre de bonnes informations.
La formation traite-t-elle des effets secondaires ?
Lorsqu’un patient souffre d’un effet secondaire, j’essaie de trouver une solution pour apaiser sa souffrance. Je ramène même du travail à la maison ! Il s’agit d’un métier qui passe par l’esprit et par le corps : on travaille avec notre âme.
Votre métier se pratique-t-il uniquement à l’hôpital ?
En effet, il s’agit d’une réflexion que j’ai eue pendant le premier confinement. Comme nous ne pouvions plus exercer, les patients étaient isolés. Nous réalisions un accompagnement par téléphone mais c’était insuffisant, la socio-esthétique ayant besoin d’un contact physique, comme tout autre soin de support.
Y a-t-il un moment idéal pour intervenir ?
Quelle prise en charge de la socio-esthétique ?
D’ailleurs, l’absence de transaction d’argent est très appréciable. Cela nous permet de donner des conseils sur des produits esthétiques sans donner l’impression au patient que l’on cherche à le lui vendre. Des barrières inconscientes sont levées.
Y a-t-il un maintien de l'offre en période Covid ?
Face à la détresse des patients durant le premier confinement, les soignants ont tenu à la présence des socio-esthéticiennes au sein des hôpitaux. Toutefois, ceci est propre à la politique de chaque établissement.
Malheureusement, la Covid ne donne plus de visibilité aux autres pathologies, au détriment des traitements de ces personnes. Pourtant, le cancer existe toujours et des personnes se battent, souvent seules, face à elles, sans aide de la socio-esthétique ou de tout autre soin de support pour leur procurer bien-être et soulagement.
Comment les patients accèdent-ils à vos services ?
À titre personnel, je me déplace au sein des chambres des patients afin de me présenter. En fonction du sexe du patient, je ne présente pas mon métier de la même manière.
La femme va immédiatement être partante alors que l’homme se montrera plus réticent. Souvent, ils finissent par avoir envie d’essayer ou, à force de venir les voir, un lien finit par se créer. Cependant, les patients ont le choix d’accepter ou non les soins des socio-esthéticiennes.
Les soins, en revanche, ne diffèrent pas selon le sexe. Le massage pour le corps rencontre un grand succès chez l’homme. Il s’agit du soin que je réalise le plus mais aussi le plus important pour retrouver l’estime de soi.
Réalisez-vous des soins pendant la chimio ?
Dans deux des établissements où j’officie, j’ai la chance d’avoir une salle pour réaliser mes soins ou de pouvoir les dispenser en chambre individuelle.
Le patient doit-il se vêtir d’une certaine manière ?
Pratiquez-vous la socio-esthétique après traitements ?
En général, les socio-esthéticiennes font comprendre aux patients qu’il n’est plus nécessaire de continuer, en espaçant les rendez-vous par exemple. Certains patients ont du mal à se détacher de ce qui leur faisait du bien pendant le traitement.
Pour certains patients, leur vision de la vie reste la même car ils n’ont pas forcément accepté de faire un travail sur eux ou n’en n’ont pas eu le désir ou la force. Pour eux, les séances s’arrêteront plus rapidement par leur choix, car le retour à leur vie d’avant est important. Je n’ai pas besoin de leur faire comprendre qu’ils peuvent prendre leur envol.
Pour d’autres enfin, le contact ou la venue à l’hôpital est plus difficile et ils arrêteront dès la fin des traitements.
En général, les socio-esthéticiennes font comprendre aux patients qu’il n’est plus nécessaire de continuer, en espaçant les rendez-vous par exemple. Il n’y a donc pas un temps défini. Certains patients ont du mal à se détacher de ce qui leur faisait du bien pendant le traitement.
Quelle incidence des soins sur l'estime de soi ?
Pendant le parcours de soin, les patients supportent mieux le traitement grâce aux soins de socio-esthétique (cf. Socio-esthétique et bien-être des patients avec un cancer). En outre, ils se réconcilient peu à peu avec leur corps. Se sentir cocooner et prendre soin de son corps concourent à retrouver l’estime de soi. Et l’estime de soi concourt à la réussite du traitement.
Par le toucher du massage, je permets à l’inconscient de renouer ou d’accepter ce corps meurtri par la maladie.
Par l’écoute et l’échange, je permets à l’esprit d’accepter la venue de la maladie qui a bouleversé leur vie.
Et grâce à tout ce mélange, le patient (re)trouve son estime et sa confiance en soi
Intervenez-vous en socio-esthétique auprès d’ados ?
Rigolez-vous avec vos patients ?
Quel beau métier ! Surtout quand il est exercé avec passion.
Nous avons eu beaucoup de plaisir à échanger avec Hélène et la remercions très chaleureusement pour sa disponibilité et sa gentillesse. Nous sommes convaincues des bénéfices apportés par la socio-esthétique à la qualité de vie des patients : à quand la prise en charge de ce soin de support qui impacte favorablement l’acceptation des traitements ?
A nouveau merci à Gwladys Seabra pour la rédaction de cet article !
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